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La phénoménographie anthropologique
21 février 2008

Du topique à l'absence d'informations « La

Du topique à l'absence d'informations

« La sociologie se donne l’objectif de construire, à partir des données dont dispose le chercheur, un objet qui soit pertinent ou caractéristique, devant respecter, quelque soit la méthode utilisée, un ou plusieurs des éléments typiques ou essentiels de la réalité empirique. » (Piette, 1996 : p 22). De la même manière, nous pensons que les sciences sociales sont pointilleuses quant au principe de topicalité.

Les six premiers mois sur le terrain, Jeanne Favret- Saada accumule les rendez-vous auprès de différents statuts (curés, psychiatres, paysans, etc.) pour trouver une pertinence à son étude. Cependant, l’ethnographe ne perçoit aucune pratique de sorcellerie et la plupart des informateurs se disent non concernés par ce « phénomène » qu’ils relient aux malheurs de la vie économique, familiale et sanitaire. Ainsi, par cette quête d’informations Jeanne Favret-Saada reformule son objet en évoquant ce qui est de l’ordre de la représentation, soit « les représentations du malheur biologique qui s’expriment dans les conversations courantes : la mort, la stérilité, la maladie des bêtes et des gens » (p 20). Dans la logique de topicalité, le problème de l’enquête aurait pu en rester là. Or, en s’appuyant sur les conversations, Jeanne Favret – Saada avait déjà comprit en partie où vivait la question de la sorcellerie : dans le langage. «  Sur le terrain, je n’ai pourtant rencontré que du langage. Pendant de longs mois, le seul fait empirique que j’aie pu noter, c’était de la parole. » (p25). Au bout de six mois, l’ethnologue prit conscience que le jeu de la sorcellerie se situe entre interlocuteurs, et qu’il lui fallait saisir l’importance du contexte d’énonciation, tel qu’il est considéré par les acteurs, ainsi que les positions de ceux-ci : les ensorcelés, les sorciers et les désenvoûteurs. L’ethnologue s’intégrera elle-même dans ce jeu de position, c'est-à-dire au cœur de son objet d’étude qui s’affine en dernier lieu par « le pouvoir réel du discours dans la sorcellerie » (p 299). Ainsi, travailler sur la sorcellerie dans le Bocage, suppose du chercheur qu’il rende compte de la dynamique implicite qui opère dans les relations réciproques et discursives des acteurs. Nous sommes donc loin de l’ethnologue muni de ses tableaux théoriques et courbes statistiques pour saisir un monde scientifiquement pertinent. L’œil de ce dernier est bien plus distant et auto-centré.

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